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fremaraguijea

C'ETAIT UN PEU OSE...

C'ETAIT UN PEU OSE...

Il y a plus de cinquante ans, dans l'école de mon enfance, il y avait une matière qui s'appelait "récitation" et qui s'enseignait en complément du cours de français.

Cela développait la mémoire, et accessoirement cela apprenait également à prendre la parole face au public de la classe. Ça sert parfois un peu plus tard ! :-o)))

En quatrième, l'année de mes douze ans, la professeur de français était une splendide vieille de moins de trente ans. Toujours de noir vêtue, un peu distante, elle représentait le fantasme absolue de la beauté dans le regard des petits garçons que nous étions...

Nous étions tous amoureux de Mademoiselle G. Mais comment lui dire ?

Lors de la composition de récitation, il y avait les "textes imposés" et il y avait les "textes libres".

Sur les imposés, on y reviendra au gré de ce blog ; il s'agissait de poèmes ou d'extraits des pièces de théâtre de Racine, Corneille ou Molière que l'on étudiait pendant les cours de français. Pour les textes libres, c'était au choix de l'élève : " vous apprendrez le texte que vous souhaitez pour autant qu'il soit au minimum de la longueur d'un sonnet ! "

Le jour venu, dans le panier, sur le bureau, nous tirions au sort ce que nous allions réciter.

Je suis tombé sur le texte libre. J'étais rougissant de confusion. Mais je me souviens l'avoir regardée dans les yeux pendant au moins deux alexandrins. Bonheur de petit garçon qui aurait voulu être un homme... Pendant un instant, moi le fort en latin, j'eus l'impression d'être cet Antoine...

Antoine et Cléopâtre (José Maria de Hérédia)

Tous deux ils regardaient, de la haute terrasse,
L'Égypte s'endormir sous un ciel étouffant
Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend,
Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse.

Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,
Soldat captif berçant le sommeil d'un enfant,
Ployer et défaillir sur son cœur triomphant
Le corps voluptueux que son étreinte embrasse.

Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns
Vers celui qu'enivraient d'invincibles parfums,
Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires ;

Et sur elle courbé, l'ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.

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