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fremaraguijea

IL Y A TOUJOURS UNE BONNE RAISON POUR UN MINISTRE D'ANNULER...

IL Y A TOUJOURS UNE BONNE RAISON POUR UN MINISTRE D'ANNULER...

Le 13 janvier 2014, il était prévu d'accueillir à la Chambre française de Commerce l'une des rares ministres françaises en exercice. Traditionnellement, le monde politique évite celui de l'entreprise : c'est donc un petit évènement lorsqu'un représentant du gouvernement accepte une invitation qui lui est lancée.

Madame Conway-Mouret aurait du présider notre repas. Le rendez-vous avait été reporté plusieurs fois (normal, un agenda de ministre, c'est autre chose que celui d'un chef d'entreprise). Tout était parfaitement organisé. Nous avions retenu un lundi puisque c'était le seul jour possible, même si ce n'est pas habituellement un jour commode pour des retrouvailles, beaucoup d'entreprise ayant en commun d'organiser le Comité de Direction ce jour-là de la semaine !

La veille (dimanche donc), à midi, coup de téléphone de l'Ambassadeur à la maison. Madame la Ministre ne pourra pas venir ; c'est elle qui représentera la France aux funérailles d'Ariel Sharon. Autrement dit, tous les autres ministres avaient des choses beaucoup plus importantes à faire...

Commode pour trouver un orateur du jour au lendemain.

Merci à Carlo Thelen, le tout juste nommé directeur général de la Chambre de Commerce du Luxembourg (le vendredi !) d'avoir accepté de remplacer notre Ministre au pied levé. Je me souviendrai que ce fût sa première prise de parole en public !

Et voici donc le discours que je n'ai jamais prononcé !

Madame la Ministre,

Monsieur l’Ambassadeur,

Chers amis,

Puisque ce sont nos premières retrouvailles depuis de 2014, je n’oublie pas les vœux traditionnels que l’on a l’habitude de se présenter courant janvier, et je vous exprime donc à tous, au nom du conseil d’administration de la Chambre des souhaits chaleureux de réussite pour vos entreprises et de bonne santé pour vos bilans.

J’y ajoute également un peu d’humanisme pour ne pas vous oublier, vous, et vous dire tous les bons vœux que nous formons pour votre bonheur et votre bien-être quotidien.

Madame la Ministre, c’est un grand honneur pour notre Chambre de vous accueillir, avec nos collègues de la section luxembourgeoise des Conseillers du Commerce extérieur, dont je salue ici Pierre Girault, président de la section.

Voilà 18 ans que notre chambre existe et nous avons accueilli une petite centaine de personnalités du monde politique ou du monde de l’entreprise.

Je dois avouer que pour ce qui concerne les ministres de la France en exercice, le score, malgré nos invitations ou sollicitations, ne rentrera pas dans le Guinness Book (j’espère qu’au passage, vous apprécierez ce petit clin d’œil un peu malicieux ! – mais je vais y revenir dans un instant).

Vous êtes la deuxième à venir à notre rencontre. Mais là où nous pouvons être fiers, c’est que nous aurons eu 100% de femmes, ce qui ne fait que démontrer une fois de plus que les femmes s’occupent de l’essentiel et tous ces beaux messieurs du superficiel et de leur carrière !

Vous êtes membres du PS depuis 1997 et membre du PSE dont vous fûtes co-fondatrice de la section de Dublin.

Vous avez été présidente de FDM-ADFE Irlande de 1994 à 2011 et vice-présidente du groupe FDM-ADFE de 2006 à 2009. (Français du Monde – Association Démocratique des Français de l’Étranger)

Vous êtes auditrice puis cadre de l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale entre 2009 et 2001, membre du conseil d’administration de l’Alliance française de Dublin de 2005 à 2012.

Vous étiez sénatrice représentant les français hors de France depuis septembre 2011, jusqu’à votre nomination au gouvernement de Monsieur Jean-Marc Ayrault le 21 juin 2012. C’est dans le cadre de ce mandat que vous siégiez au conseil d’administration de l’AEFE (Association pour l'Enseignement du Français à l’Étranger).

Vous aviez été auparavant élue conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger en 1997, réélue en 2000 et 2007.

Enfin de 2006 à 2011 vous fûtes vice-présidente du Groupe ADFE (Association démocratique des Français de l’étranger).

Mais si vous me le permettez, j’ai retenu une autre chose dans votre curriculum-vitae, qui a mes yeux est presque beaucoup plus importante que tout le reste : vous avez résidé 25 ans en Irlande.

Ce qui laisse supposer, non !, ce qui permet d’affirmer haut et fort que quand on parle des français de l’étranger, ce n’es t pas un dossier sur lequel vous improvisez, et que vous, au moins, vous connaissez en pratique la matière dont vous avez la charge !

Alors, bien sûr, vous allez nous parler de diplomatie économique. C’est le sujet quand on se déplace à l’étranger. Cela fait partie des demandes de Monsieur Fabius. Il est important de jouer collectif et solidaire.

Mais parlez-nous aussi de vous. Dites nous ce que vous faites au quotidien, à quoi sert le Ministère dont vous avez la Direction ? Certes, nous restons des électeurs (c’est toujours utile pour les majorités courtes, d’autant que la gauche à laquelle vous appartenez a fait un sacré carton lors des dernières législatives – ce n’est pas Philippe Cordery, notre député du Benelux, que je salue ici, qui me démentira), mais nous ne finançons plus beaucoup le budget de l’état français.

Etes-vous dans ce poste pour nous demander de revenir en France ? Ou pour continuer d’y venir de temps en temps pour les vacances (mais dans ce cas, c’est plus votre collègue du Tourisme qui devrait venir nous rencontrer !) ?

Les problèmes de ces français qui ont quitté leur pays ont-ils véritablement de l’intérêt ?

A moins que vous ne soyez notre ambassadrice de retour au pays pour expliquer à qui veut bien l’entendre, voire l’écouter, que nous aussi, les français de l’étranger, nous travaillons, que nous poursuivons, avec nos modestes moyens, la diffusion de la culture française (je salue TR, président de l’association Victor Hugo), que nous faisons la promotion de notre système de formation (et le finançons en grande partie, le reste étant pris en charge, pour le Luxembourg, par les autorité locales – je salue VD et FB, présidents de l’Ecole française de Luxembourg et du Lycée Vauban), que nous organisons la solidarité entre nous quand elle est nécessaire (bonjour, HR, président de la Société de Bienfaisance), que nous payons des impôts dans le pays dans lequel nous sommes (si, si, on en paye beaucoup aussi à Luxembourg - je salue par la pensée Pierre Gramegna, notre nouveau ministre des finances, ancien directeur général de la Chambre de Commerce, et lui adresse tous nos vœux de réussite – c’est un homme qui connaît les entreprises, et j’en profite pour saluer Carlo Thelen, présent parmi nous, tout juste nommé officiellement à sa place depuis vendredi dernier).

Les gens que je rencontre ici au quotidien ne me donnent pas du tout l’impression que nous sommes les mécréants sur lesquels le microcosme politico-médiatique germanopratin de tous les bords aime tellement pointer le doigt !

Oui, Madame. Les français de l’étranger sont des gens normaux, mais ça, vous le savez ! Nous vous demandons simplement de le faire savoir !

Plus particulièrement à Luxembourg, nous aimerions arrêter de passer pour des voyous ou des délinquants.

Pour avoir vécu longtemps à l’étranger, vous savez comme moi que l’on finit par s’assimiler au pays qui nous accueille, et les tribunes de Mediapart ou de Marianne font probablement vendre mais sont bien éloignées de la réalité...

Si nous sommes ici, c’est parfois parce que nous n’avions pas de travail ailleurs, mais peut-être aussi que certains s’en sont allés parce que le vieil adage « qui paye décide » leur semblait de plus en plus déséquilibré.

La tradition veut que je termine ma petite introduction à la prise de parole de notre orateur par du concret du quotidien. Cela permet, s’il le souhaite, à la personnalité qui prend le micro derrière moi de pouvoir commencer par une réponse !

Alors, merci Madame la Ministre de ne pas affaiblir les représentations consulaires. Ce sont les pivots de notre état-civil et notre nationalité lorsque nous sommes à l’étranger. Bravo au lobbying mondial des notaires ou à je ne sais quel obscur décideur de je ne sais quel ministère d’avoir fait en sorte qu’il n’est maintenant plus possible de faire valider nos signatures pour des documents officiels français par nos consuls. C’est effectivement tellement plus simple quand on est au Danemark, en Croatie, en Mongolie, en Bolivie ou en Alaska de trouver un notaire qui parle le français...

Madame la Ministre, vous avez la parole.

La seule autre Ministre qui accepta de venir nous parler était Nicole Aveline.

Ces deux femmes courageuses ont été sacrifiées à l'occasion des premiers remaniements effectués par leurs "patrons" !

Nous ne portons pas chance...

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